Nous sommes en 1995 et ce jour va être marqué
d'une pierre blanche. Un jeune Dresseur accompagné d'un Malinois
surdoué vont ébranler la stèle du Ring ET ; si le grand public de
l'époque n'a d'yeux que pour Cheyenne, il va être ébloui par l'un de
ses fils : HAGGLER des Loups Mutins. Les substantifs seront nombreux
et tandis que la presse parle d'un génie, d'un hors norme, d'un
indétrônable, voir d'un étalon à la descendance assurée. Les
Dresseurs se font des cheveux, car avec un tel loustic les places
sur le podium vont devenir très cher. Ce type d'inflation ne va
guère les émouvoir, tant Régis & Haggler vont régner sur la planète
Ring pendant " presque" une décennie. C'est bien simple, Haggler est
né en 1992 et 20 ans plus tard, il est encore salué par tous !
Cependant, à l'heure où beaucoup se serait satisfait d'une telle
renommée, Régis repart avec Nother pour une nouvelle aventure, puis
se sera Tonnerre qui récompensera cette heureuse anagramme. Du coup,
à l'étude d'un tel palmarès que pouvons-nous lui souhaiter ? A cette
interrogation, Régis nous répondra de la plus belle des manières en
se qualifiant avec l'art, la manière et sans jamais oublier ses
frères de club. Il semblerait que notre ami à pris le vieil adage "
les idées ne sont pas faites pour être pensées, mais vécues" au pied
de la lettre. Voyons cela :
Régis Bonjour, tout d'abord félicitations. Te revoilà en finale ?
- Bonjour à toutes et à tous, en effet me
revoilà et j'en suis très heureux.
Pourtant, tu nous a fait peur au second tour. Je récapitule : alors que
tu as démarré cette tournée à fond, tu subis une contre performance.
Que c'est-il passé au Havre ?
- Et bien je n'ai pas eu de retour de haie.
Certainement dû à une petite blessure, rien de bien méchant... (Il
réfléchit) comment t'expliquer... une sorte d'inflammation. Sauf
que le problème avec Dayak, c'est qu'il est très demandeur et de ce
fait, il a tendance à déborder si tu ne l'entraînes pas
régulièrement, donc il faut vraiment bien gérer ses temps de repos
et c'est ce que nous avons fait.
Néanmoins, cette légère contre performance as dû te contrarier pour le
championnat. Du coup, comment as-tu fais pour repartir au charbon ?
- Me contrarier oui et non, car cette année
avec l'aval de mon équipe, on jouait surtout la qualification. Après
et quoi qu'il arrive, nous sommes restés fidèles à nos convictions.
Comme tu le sais, je m'entraine avec Marc (Villain
multi finaliste en Ring et dresseur de renommée internationale)
et nous avons conservé une ligne de conduite, que se soit dans
l'alternance des jours d'entrainements "mardi, jeudi, samedi" ou
dans les ateliers physiques et techniques.
S'entrainer
avec Marc, beaucoup se damnerait pour ça, car n'ayons pas peur des
mots : c'est un privilège tant ce gars est bon. J'ai entendu dire,
qu'il a mis Us'Ton à la retraite ?
- C'est sur qu'avec lui, nous n'avons même
plus besoin de parler. Les entrainements sont calibrés, sont bien
pensés et plutôt physique (rires...). De plus, nous avons la chance
d'avoir son fils Axel, lui aussi fort prometteur... mais comme tu le
soulignes, Marc a mis Us'Ton à la retraite et il entraine un jeune
en ce moment. (le coupant) C'est un fils d'Us'Ton ?
- Oui, Axel en a un également, ils sont
jeunes encore, donc il faut attendre avant de se prononcer, mais tu
sais : que ce soit avec ses chiens ou ceux de ses amis, Marc est
toujours à 100% et crois moi, pour l'évolution de Dayack, il a bossé
comme un chef.
D'ailleurs quels sont les points forts & faible de Dayak ?
- Je dirais point "fort et faible" qu'il est
hyper demandeur, bien trop demandeur. Imagine que quoi qu'il arrive,
il a toujours le fouet en l'air, tu peux faire des sauts, du plat et
recommencer ... il te re-sollicite ! Quand je suis en concours, je
le prépare avant, de manière à le fatiguer avant de rentrer sur le
terrain, s'il rentre en pleine possession de ses moyens, il va
m'oublier sur les interzones, c'est sûr et certain. Entre les
exercices, je suis obliger d'avoir une emprise psychologique sur
lui, sinon il part dans son monde (rires...) et plus dans le mien !
Pourtant, j'ai eu quelques Malinois avec de fortes dispositions,
mais lui : il n'a que les qualités de ses défauts. Son dynamisme
fait que tu te dois d'être constamment rigoureux, après, si tu sais
le gérer, il est super agréable, c'est un sauteur né,
entrée-prise-vigilance tout est naturel, de plus "physiquement", il
est bien construit.
Comment l'as-tu récupéré ?
- J'avais eu un petit passage à vide à
l'époque et je rencontre André (Lemonnier
éleveur du Banc des Hermelles) qui me propose un chiot, nous en
avons regardé quelques uns et Dayak me plaisait beaucoup. André me
dit, pas de problème, car c'est celui que je t'avais mis de côté. Je
pressentais quelque chose chez ce chiot et voilà maintenant, il est
grand (rires...).
Tout à l'heure, tu mentionnais son dynamisme et il est clair, que quand
on le regarde de l'extérieur, il paraît super chaud, comment tu le
gères sur 3 tours ?
- Tu veux dire pour la tournée de sélectif...
et bien, au départ, nous sommes partis sur un score plancher d'au
moins 3 x 370. Nous voulions surtout assurer une qualif. Pour
obtenir ce type de sélection, nous n'avons jamais tergiversé. Pas de
mécanisation type "tirage des exercices" ou de mimiques "d'attitudes
d'HA", rien de tout ça, nous avons nos propres codes d'entrainement
et nous les appliquons le mieux possible. Quand je dis nous, c'est
toute l'équipe et ça va du gars qui supervise sur le côté, au gars
qui t'observe sur tes mises-en-place à l'HA, etc... Attention, pour
pointer même à 370, il faut être rigoureux, car nous sommes en
sélectif quand même. Tu sais pertinemment, que dans une tournée tu
vas être épluché, pénalisé, etc... Alors, nous appliquons cette
rigueur aux entraînements.
Et pour la partie physique ?
- Déjà 3 bons entrainements par semaine, ça
te calle un physique. Ensuite, si un petit plus ce fait sentir, j'ai
un tapis de course et je travaille également le renforcement
musculaire, mais le plus gros du boulot ce fait sur le terrain.
Puisque tu me tends une perche, tu as commencé à le préparer sur un
stade ?
- Non non, je ne fais pas ce genre de chose
et puis, les structures de notre Club pallient à cela. Puisque nous
nous entrainons dans le cadre d'un complexe sportif.
Pour revenir sur la tournée, quel est le binôme d'HA que tu as trouvé le
plus technique ?
- Question difficile, car j'ai trouvé les
6 HA
très bon. De ce fait, il m'est impossible de parler de binôme en
particulier, mais au cas par cas : Thomas korber m'a impressionné
par son travail, Fernando Dosta très viril certes, mais très sportif
et bon sang... quelle valise ! Il m'a fait transpirer dans la cache
(rires...), il est indéniable que nous avons besoin d'HA de ce
calibre, il faut encourager des gars comme ça et non les incriminés.
Ensuite, Jimmy Van Hove super de bout en bout, Bruno Ducroq bien
dans sa face, son esquive avec l'accompagnement du bâton en fin
d'action "pas mal" et bonne attitude sur le retour d'esquive. Quand
au 2 petits jeunes, rien à dire : rapide, technique, ils nous ont
pris un max de points. Franchement cette année, nous avons été
gâtés.
Au niveau des jugements, rien de spécial ?
- Non, pour moi ce fut très propre, très
honnête. Des jugements sans piège et avec le respect du règlement.
Pour l'instant, vous avez 6 Chiens de sélectionnés, une belle fierté
pour le Nord ?
- Absolument, nous sommes fiers & heureux,
car c'est beaucoup de travail et d'investissement.
Vous êtes réputés pour votre Fair-Play et votre bonne humeur, ça va être
la Méga fiesta à Albertville ?
-
Oui comme à chaque fois (rires...)
Quels sont les équipes que tu redoutes pour la Finale ?
- Je ne redoute personne en particulier, car
cette année la Coupe est très ouverte. C'est vrai que pour le
Championnat, le second tour va m'handicaper, mais nous sommes
tellement contents d'y être que nous allons surtout savourer
l'instant.
Régis un grand merci de nous avoir donné de ton temps. Le mot de la fin
est pour toi?
- Un grand merci à mon équipe et un énorme
merci à Marc qui a su me remotiver. Bravo aux finalistes et à
bientôt à Albertville.
Voilà qui est dit, quand à moi, je tiens à remercier Monsieur Pilarski
Régis, car malgré toutes ses finales, ses victoires, bref un
palmarès qui en ferait rêvé plus d'un, l'homme est resté tel qu'il
était, habité, sincère et disponible, la classe quoi ! |