LE BERGER BELGE :

LA SAGA 3

Chers amis l'heure est grave !
Après, les maladies porcines, la tremblante du mouton, les chats sauvages, la vache folle, les chiens d'attaque, les lapins mangeurs d'hommes et la dysplasie du cerveau… Voici :
la grippe aviaire ! Je sais : ça fout une trouille bleue à nos colombophiles. Alors, petite précision et comme dirait ma femme : " un colombophile ", n'est pas un collectionneur des feuilletons de l'inspecteur Colombo, c'est juste un passionné de pigeons. Attention, je vous vois bidonner et brailler des… ha ouais des ramiers, qui se ressemble s'assemble etc…

Que nenni, les gaillards se lèvent au chant du coq au cas où celui-ci aurait pris ses antibiotiques évidemment et se couchent au passage des grues dans le cas où celles-ci auraient survécu au typhus, au nuage Tchernobyl et naturellement à la détermination d'un taxidermiste en rut. Mais bon, si ce n'était que ça…
Il semblerait qu'une faiblesse, voire une lassitude générale frôle le petit écran et oui, cher fidèle de CHIENPLUS…
Même nos stars confondent certaines problématiques sensorielles ! Récemment, j'ai VU de ma myopie cérébrale une publicité pour presbyte. Loin d'être casse couille, celle-ci propose 2 chanteurs pour 2 logos, jusque là tout baigne. Sauf qu'à la fin du spot, ils hurlent à gorge déployée " la dite marque ". Hé Les mecs ! Ce n'est pas des sonotones que vous vendez, c'est des lunettes ! Alors, ce n'est pas la peine de crier comme ça, nous ne sommes pas "mal entendant ", nous sommes bigleux !!!
Remarquez Beethoven était tellement dur de la feuille, qu'il croyait qu'il faisait de la peinture.
OK, je vous l'accorde à piano, il vaut mieux entendre ça que d'être sourd !

SUPER NOUNOU CONTRE GODZILLA !

Ne nous fâchons pas, entrons directement dans le sujet approprié : Si vous prenez votre serviteur, il croyait dur comme fer au pouvoir des Clubs avant de regarder " the reality dog show ". C'est clair, que j'étais à la rue, heureusement que le saint tube cathodique est là pour m'éviter de sombrer dans la facilité. Fort heureusement, je fus (pendant très longtemps, ne riez pas svp) également " animateur ", mais non pas Mondio ! Radio… Du coup, j'ai conservé ma panoplie de speaker endiablé dans sa version stakhanoviste ! Amis cynophiles : Puisque tout le monde en parle, je vais tout essayer. Alors, combien ça coûte de trouver une nouvelle star ? En bon fan de… je dirai plus de 50 millions de consommateurs…
OK, ça se discute. Cependant et sans aucun doute, il ne faut pas rêver : entrer au Top 50, ce n'est pas sorcier. Taratata, nous ne sommes pas des anges criera l'invité du jeudi et ne zappez pas, tout est possible ! Alors, pourquoi pas vous ? Parce que c'est mon choix et en confessions intimes j'affirmerai qu'il faut laisser une chance à certaines chansons, aux Pubs intercalées, aux cynos de tous bords et à l'expression directe. Ce n'est pas un gag et encore moins une vidéo, si la une est à vous… Vous n'en croirez pas vos yeux, parole d'expert, ça vaut vraiment le détour. Allez Motus et trêve de polémique… Vous avez gagné, sur le grand échiquier " je bas les masques " et je glorifierai le jour du seigneur, donc merci mon dieu… Pardon merci média, grâce à vous je sais promener vos chiens sans laisse. Sérieux atouts en 2000, car si l'on prend molosse et compagnie ça donne facilement 30 millions d'amis et ça c'est capital !

Comme d'hab, beaucoup de questions sur les 2 premiers volets. Les archéologues plus pénibles que jamais veulent tout savoir et les interrogations du style : Ouais d'accord, mais " y avais qui avant Samlo et puis les premiers Malinois, ils étaient de quelle couleur " ? Et c'est vrai que l'Hollandais viendrait de là ? Pour cela mes amis :
Voici un petit récapitulatif fort sympathique et pas chiant !

Alors avant Samlo, nous retrouvons surtout des poils durs et courts. La base des bases se nomme Liske et Vos de Laeken. Notons que Liske est d'un brun gris bringé. Seconde génération, nous trouvons Mouche (grise) Tom et Spitz (tous deux, d'un bon vieux fauve), mais surtout Diane également bringée.
•  La souche Liske – Diane – Samlo donnera Tomy qui, unie à Cora lancera la merveille absolue : Tjop.
•  La souche Liske – Mouche – Vos des Polders lancera le second missile : Dewet.

•  La souche Vos de Laeken – Tom – Mira – Bazoef et Boer-sus va garder l'aspect rustique " boudiou " avec un poil de phacochère.
•  La souche Vos de Laeken – proposera aussi quelques noirs.

Les couleurs et le type vont se définir petit à petit.
Exemple, hormis le bringé qui fut mis de côté rapidos et rebaptisé à l'époque Berger Hollandais ( si si Van Ceulebroeck page 415 ), nous tournons surtout autour du fauve charbonné, voir très charbonné. Jusqu'au jour où ! le noir refit surface. Toujours dans la Bible , il est noté à la même page qu'un dénommé Stopy allait relancé la mode. Donc le Malinois noir sous cette appellation, existait bien… pour ma part, j'ai rencontré quelques sujets. Ils sont assez singuliers, voir étranges. Tout comme les gris cendrés et là, j'en ai carrément produit un ou plutôt une " encore plus strange ". Les débats sur les couleurs surnaturelles ont toujours été un sujet de fin de soirée… hum, mouvementé. Déjà, au niveau de la confirmation, le sujet typiquement frenchie est rapidement clos. Because, né en Belgique, donc plus de problème de standard. Certains ont même évoqué pour le cendré, le terme " dégénérescence ". Ce qui me paraît un brin excessif ! Cette précision que réclamaient les Fans de Chienplus pour en savoir plus… Pourrait être comblé dans un format intégral. Yes, pourquoi ne pas lancer un débat sur le forum ( chut Jean-Jacques planche sur le sujet, je vous ai rien dit ). En attendant, voici la suite des aventures de notre canin préféré, prenez une bonne goulée d'air frais et venez plonger avec nous dans :

LA SAGA DU MALINOIS VOL 3

A peine remis des aventures du Dieu Léon, la suite s'annonce épique. Nous avons quitté les sculpteurs de menhirs en pleine révolution et force est de constater que 68 allait laisser sa place à une année nettement plus érotique, hic ! Cependant, 69, comme ses ancêtres se déroula sous un règne machiste pas une seule nana à l'horizon, pas l'ombre d'une gonzesse, rien, nada. Ho tu sais mon ami, dans cette période tourmentée, il fallait tenir son cierge fièrement dressé en marchant dans la grotte, c'était dur, c'était terrible !!!! N'ayons pas peur des mots : seul, la rudesse de l'époque nous renvoyait à des illusions perdues où certains criaient " un jour peut-être "…
En attendant " l'élue ", voici 12 furieux concurrents pour une finale de l'enfer !
A l'aube du 21 septembre, c'est Annecy qui s'y colle. Mrs Racque, Rigolet, Rossero et Tramazaygues sont aux trompettes. M. Reudet au clairon, Mrs Castel, Levy et Peres vont jouer sur des bambous et ça fait du bien. Cette coupe de France s'annonce passionnante, pourquoi ? Elle est le quasi match retour de 68 et là… Hé hé, il y a de la monnaie à rendre. Les BA ont la bavent aux lèvres, les Bas Rouges la rage au ventre et nos Belges les pattounes dans les starting blocks " ça va chauffer "… qui plus est le Team BA s'entiche d'un petit nouveau Lork de Pierrefonds et sacré bleu !  la belle bête que voilà. Le bougre va se battre comme un beau diable, mais à l'image du Beauceron Nac issu de la même mare OUILLE… " y'en a marre " ! Rien n'y fera, cependant à sa décharge il fréquentera assidûment le peloton de tête, précédé et parfaitement escorté du poil court Mistral appartenant à Mr Harou.

Soudain : Oural, un Berger de Beauce Francilien placera un 334 des familles dans la face de nos comparses et " la vache… ça pique ". Réplique immédiate de Mulot qui lui assène une tourte de 358 kg et de ce fait le couperet vient de tomber. Une fois de plus, Léon a ouvert la porte, que dis-je une brèche, une fente, une saillie provoquée par un obus de 75. Allez hop, le terrifique Pion s'y engouffre et croyez-moi, au vu de cette gueule d'ours… il n'avait pas besoin de ça. Outre des pointages particulièrement captivant pour les années silex, ce Malinois sera l'une des idoles du monde canin. Véritable masse d'arme de l'affront facial, ce virtuose de la saisie hydraulique avait la forte réputation de rendre le membre attrapé dans sa formule steak haché. La passion et le souci du détail m'oblige donc de passer un coup de bigot au patriarche :

Allo André, c'est Jean Mimi. Alors ce Pion  ?

M. Noël me répond :
•  Quel chien fantastique. Par contre, c'est bien que tu m'appelles, car j'aurais une rectification à faire : Pion n'est pas le père de Vass, c'est bien Mulot. Il semblerait que cette rumeur fut fondée sur sa non ressemblance avec Mulot, mais il faut juste comprendre que la mère de Vass était la sœur de Pion est de ce fait, c'est elle qui a tracé.

OK, merci André, nous avions pris en compte cette hypothèse, car Léon Destailleur nous avait formulé cette alternative.
Comment était-il dans la toile ?
•  Rude. Je me rappelle l'avoir passé à la belle époque et il m'avait épaté, surtout par une étonnante rapidité. Qui plus est, une vraie bête, un animal féroce, un authentique ( rires ). Il courait très vite, on le voyait partir comme un météore et pour finir, il te tapait comme une brute. Certainement l'un des plus grands chiens que j'ai connu et assurément le plus rapide. A l'inverse de Mulot il était beau, car Mulot était dans le top 5 des plus moches (rires).

Et au niveau prise ?
•  Faramineux, il est l'un de mes favoris avec Vass naturellement.

En résumé ?
•  Un monstre dans un corps de félin. Vraiment fantastique !

Merci André. On peut même affirmer que ce Pion valait largement un Roi " échec et mat ", pour les autres !
Origine de Pion : Norban Van de Greenstraat / Nerveuse.
Norban Van de Greenstraat : Flap / Kaschia.
Nerveuse : Gary Van de Molenbeeck / Golda.

La suite de ce championnat est tout bonnement stupéfiant, nous retrouvons le Groenendael Morgan du Parc de l'Hay vice-champion et pour la première fois UN MALINOIS CHAMPION DE FRANCE ! Yessssssssssss, l'affixe du Mas des Lavandes scande les vertus du poil court et Nelko ainsi que Daniel Haest gravent au burin thermique le début d'une alliance féodale - qui a la dale !

LE DROIT DE SAVOIR !

Cette frénésie allait mettre en avant des valeurs cynophiles indélébiles et ceci plus cela, allait proposer d'autres épreuves dignes de ce nom. Voilà que le 19 octobre, soit un petit mois plus tard… Un championnat de travail pratique en campagne est instauré à Vert le Grand. 13 candidats, visiblement différents de ceux d'Annecy sur le papier. Cependant, Lork, Morgan et Nelko sont du voyage. Déjà à l'époque, nous distinguons les Ringueurs et les Freestyler's.

Qu'en penses-tu André ?
•  Non non, c'était les mêmes. Sauf que pour faire du Campagne, il y a plus d'impératif. En premier lieu le terrain qui se veut naturel et conséquent. Il y a le pistage et surtout il faut que ton emploi du temps coïncide avec celui de ton H-A. Les entraînements deviennent compliqués et c'est d'ailleurs toujours d'actualité et très injuste, car la discipline est belle.

Au niveau des structures, ces disciplines ont-elles changé ?
•  Le Campagne pas trop, le Ring par contre s'est peu à peu transformé et peut-être pas dans le sens de l'efficacité. Je prendrai en exemple les pointages, car si tu touches 392 points, ton programme est-il difficile ?

Mais encore ?
•  Nous avions du travail en muselière, il fut supprimé. Nous avions une garde d'objet convenable avec un esprit de garde. Le coupant quelque peu…

Quels en étaient les tenants et aboutissants ?
•  Il y avait un passage à 1m, le chien te toisait, puis tu repartais. A environ 6 mètres , il y avait un bâton au sol. Tu t'en servais pour menacer, tu pouvais le jeter au dessus du chien et on avait le droit de parler de crier ou de menacer. Les 3 passages étaient vraiment à ton appréciation, on pouvait même courir, les actions du chien devenaient beaucoup plus compliquées, nous étions alors dans l'esprit d'une vraie garde et c'était pourtant du ring.

Vous avez une solide réputation d' H-A et beaucoup disent qu'à la valise, vous étiez un véritable expert ?
•  J'ai fait 2 finales dans la toile. Une de Ring et une de Campagne. A l'époque, les gars étaient beaux joueurs. Imagine, un concurrent m'a dit : " bon sang tu as tout pris " ! Je lui réponds, mais non, j'en ai laissé 2 et lui, répétait sans cesse : " non non, tu as tout pris "! Ha ha, il était champion sans garde d'objet et il n'a jamais admis qu'il pouvait être le vainqueur sans valise. J'aimais bien prendre les paniers. Cependant, ils m'invitaient souvent dans leurs concours et le samedi à l'entraînement… je les laissais et le dimanche, j'en piquais le plus possible. Ils me disaient : " André… tu es l'ange et le démon ". On rigolait bien à cette époque !

Il y avait une grosse différence entre les chiens de Ring et de Campagne ?
• Non, pas vraiment. C'est surtout la préparation qui était différente. Le Ring est un petit royaume, donc pour l'entraînement ça va. Par contre, le Campagne, c'est autre chose, il y a trop de facteurs qui rentrent en cause. C'est ce que je t'expliquais tout à l'heure, il te faut un H-A disponible, des autorisations, enfin bref : il te faut toujours des conditions particulières. Aujourd'hui, c'est encore plus difficile. C'est injuste de voir un si beau programme qui demande autant de concession et d'argent.

Néanmoins, les adeptes s'accrochaient. C'est à grands coups d'économies, de sacrifices et d'humilité que l'on forge l'âme d'un guerrier. Nos joyeux laboureurs se proclament Campagnards. Cette appellation signifie des tas de choses, nos artistes veulent se démarquer de l'étiquette " carré de pelouse " et oui, à eux l'air libre, les vertes contrées, les vallons frénétiques et les bottes en plastoc ! Mais surtout, le travail pratique comme ils disent. De par sa technique et son esprit, la nouvelle discipline se veut aux antipodes du reste. Cette légère précision digérée, nous gambadons vers l'Ile de France pour découvrir le furieux Nelko dans ses œuvres. Malinois spécialisé dans les confrontations musclées, ce bougre de poil court fera honneur à sa réputation.

Un autre Berger Belge sortira son museau noir de la rivière avec une superbe 6 ème place au général. Vous l'avez deviné le champion de France en Ring, Morgan du Parc de l'Haye, était bel et bien du voyage. Nous n'aurons plus qu'à clôturer les festivités avec le récidiviste Nelko.

Champion en Ring et Vice Champion en Campagne, le masqué de Daniel Haest a parfaitement illuminé l'année 69 !
Il semblerait que le mot " exploit " n'ait jamais aussi bien porté son nom !

A PRENDRE OU A LAISSER !

Chez nos voisins, l'accalmie est revenue. D'un côté les gars de la St Hubert renforcent les artifices et de l'autre, les maniaques de la prise caverneuse se réjouissent d'une nouvelle machine de guerre nommée DICK. Le travail au NVBK, on le sait, n'est pas une promenade de santé. Calqué sur son voisin, il se déroule sous forme de triathlon :
Plat, Saut et Mordant. Cette formule, dès plus saines sera adoptée par de nombreuses nations, quoi de plus logique que l'évaluation d'un chien dans sa structure compacte. Notons les sauts après le plat, pourquoi ?

Tout simplement, car nos amis estiment qu'il faut un échauffement avant l'effort. Je vous rappelle que nos voisins ne parlent ni d'OB, ni de plat, mais de " petit travail ". Cette notification est absolument juste, pourquoi ? Beaucoup de cynophiles et André Noël en tête, affirment que l'obéissance appartient au maître, enfin surtout à la dextérité du maître ou au chef d'équipe.
Par contre, le mordant révèle le potentiel du chien, car cette valeur fondamentale qui est " le mordant " lui appartient corps et âme. Comme dirait l'autre, on peut travailler, on peut faire évoluer, mais pas changer l'âme d'un champion. Un grand athlète est avant tout un gros mordeur ! Voilà pourquoi la dernière partie du programme belge s'intitule " le grand travail ".

Ces terminaisons vont amener peu à peu un langage cynophile approprié aux disciplines, aux actions et à la description même d'un chien. Pour prendre un exemple absolument terrifiant, on classifie rapidos de daube, voir pire, un chien très moyen. En Belgique on parle de petit cœur, avouez que ce genre de sobriquet évite de sombrer dans le ridicule et oui chers amis, un chien qui travaille, qui fait l'effort et cela même à son niveau, mérite le respect non ? Pour pallier à ce genre de bla bla, des catégories seront mises en place. En France, elles seront ABC, avant de devenir Ring 1, 2 et 3. En Belgique c'est l'inverse, le 3 étant la plus petite et bizarrement, l'une des plus passionnantes s'avère la 2, qui est de l'avis des experts " révélatrice de futur talent ".
Un championnat sera prévue dans toutes les catégories, car n'oublions pas que le chien doit effectuer tout le parcours avec naturellement des difficultés moindres selon les échelons. Imaginez une bonne vieille face à l'ustensile suivie d'une garde d'objet en ring1français ? C'est clair que, quand tu traverses une armada de bouteilles pleine tronche, tu t'en fous un peu de la consigne et hop ! la valoche derrière, c'est du velours…

DES CHIFFRES ET DES LETTRES !

Allo André, j'ai encore besoin de vos lumières. Comment étaient les concours en France ABC ?
• C'était comme en 1- 2 - 3, le même programme.

Y'avait-il, tous les exercices ou était-ce fractionné comme maintenant ?
• Notre programme n'a malheureusement pas beaucoup évolué, il a toujours été élémentaire. On en arriverait presque à se demander comment faire plus simple ?

D'ailleurs, pourquoi les Belges ont-ils gardé un parcours complet ?
• Parce qu'ils partent du principe qu'un jeune chien doit quand même étudié l'ensemble. A savoir que le travail Belge est toujours variable, donc changeant et même en petite catégorie, on devine une nature.

Au vu d'un parcours semé d'artifices et de pièges en tous genres. Il est clair qu'il vaut mieux se pointer avec un sérieux client. Notons, que nos amis avaient fortement déblayé le terrain et si d'un point de vue historique, nous faisons exclusivement référence au champion, il faut savoir que déjà le dit " champion " n'est pas forcément un étalon en puissance. Celui que l'on nomme rebelle, indomptable, voire carrément furieux, nécessitera une approche plus complexe d'une traçabilité guerrière. C'est ainsi que dans les années 50, les Belges dénicheront le PAPE de la famille " ça castagne ".
Surnommé le taureau, voilà " Sirol ". Véritable star incontestée de tous aficionados de la prise hydraulique, ce matraqueur de costume est l'élément traceur, voir le détonateur d'une lignée exceptionnelle et pour cause : des entrées à décorner un cocu viking, suivies d'un mordant à broyer un parpaing, cette bête de l'enfer va amener l'un des tous premiers courant de sang dit de référence et d'évolution de nos poils courts ! Pedigree de Sirol : Ecapi du grand Rabot / Raak.

Ecapi venait du vainqueur du Grand Prix de Belgique de 1934 Egor hors Iris de Grand Rabot. Une forte alliance d'élevages très réputée à l'époque, tels : le Rupel, le Forgeron, du Thiriau et Galifort. En effet, Jimmy de Rupel avait sailli Mazet Der Bisthovenlei (Duc de Rupel / Fidèle de Galifort) pour donner Egor. Ce même Jimmy était un fils du célèbre Sam du Thiriau sur Margot de Rupel.

Le côté maternel de Egor est également excellent, voyons cela : Iris est une fille d'Abecco du Forgeron (Cesary des Hallattes / Astrid) hors flam (Snappy Mollenos / Margot des Terrains). Les best of the best sont tous là et la continuité du pedigree de Sirol est d'une importance capitale par ses origines maternelles, jugez plutôt :

En seconde ligne, il y a l'incontournable Gladiateur de l'Ecaillon et la fameuse lice Lutina. Si Gladiateur portait bien son nom, il était par Dictateur des Pimprenelles (Mistral de l'Enclus / Bellamie des Pimprenelles) hors la star incontestable : Sibelle de Jolimont (Wip de Jolimont / Trine de Jolimont) qui
fut " LA " légende incontournable de la dynastie des masqués. Suivent par Lutina : Idéal de l'Ecaillon (Fram de l'Ecaillon / Sibelle de Jolimont) et Idylle de Luchteren (Ecapi / Erina). Ce qui frappe l'œil du puriste est l'étonnante concentration d'élevage d'une renommée " maintenant " planétaire. Les terribles guerriers de l'Ecaillon alliés à la dextérité et l'élégance des Jolimonts avec en appui les indispensables poils courts des Pimprenelles, ça le fait grave !

Il était impensable de continuer la saga, sans évoquer ce passage crucial de la bible… Pourquoi ?
Tout simplement, parce qu'en France à l'heure actuelle nous parlons de 3 lignées tout à fait distinctive " Sirol " pour la brutalité, " Flap " pour la réceptivité et " Rusky " pour l'intelligence.

Soulignons pour la petite histoire, que Sirol appartient à M. Van Hover détenteur de l'affixe Van de Molenbeek et dresseur hors pair. Alors, pourquoi encore et toujours Sirol ?
Outre les qualités citées ci-dessus, le taureau bénéficiait d'une garde d'objet absolument hallucinante.
Le type de décision supra énergique qui ferait passer un hyper actif pour un dépressif apathique. Ajoutez à cela un physique de rhino, une mâchoire de croco et une vitesse de guépard et vous comprendrez que dans la ménagerie utilitaire, ce genre de phénix doit absolument renaître de ses cendres ! Une saillie anthologique va déclencher le processus. En effet, l'union Sirol / Imbertine va donner 3 chiots indispensables à l'utilisation dits de GROS caractère.
Carack, Cabil et Criquette. Attention " prodige ", Cabil va devenir la base des origines Berger Belge Malinois Hollandais et les deux autres vont établir les fondations d'une Belgique sacrément bénie !!!

L'HEURE DE VERITE !

L'importance de la lignée Sirol devient vite le courant de sang à posséder, car si l'on retrace la lignée, on note crescendo :
Carack, Cabil, Hab et Loul Van de Oewa's, Missou, mais surtout le fameux, le faramineux, le fabuleux Arat. Les éleveurs Belges plébiscitent encore l'origine et clament haut et fort qu'il ne faut à aucun prix sortir de cette origine. Aujourd'hui, certains élevages Français travaillent bille en tête sur Arat.

On pense tout de suite au Cami de Cathéric, au Pont des Bergers, au Baulois, au Calvaire aux Acacias, au Parc des Acacias, au Chemin de l'Espérance ou au Conte d'Offman… Mais à la Noaillerie on avait déjà flairé le bon plan. Le dicton " à élevage prestigieux, grand chien " n'a jamais aussi bien porté son nom. André Noël, qui fut l'un des précurseurs nous explique :

Pourquoi aller chercher des chiens en Belgique ?
• Parce que c'était là qu'il fallait aller. Les chiens étaient à l'image de la discipline " fantastique ". D'ailleurs, leurs dresseurs œuvraient et oeuvrent toujours en ce sens.

Seconde tournée avec la Hollande ?
• Obligatoirement, là encore le programme est fabuleux et que dire de leur face hum… " Terrifique " serait le juste mot ! Tu sais, j'ai emmené des chiens français là bas, pas un n'a tenu la distance sauf Cuik.

Quand les Hollandais ont mis en place leur programme, ont-ils copié les Belges ?
• Je pense qu'ils sont de vrais cynos, ils n'ont eu besoin de personne pour installer un programme vraiment percutant. Chaque nation a une discipline à son image et je pense qu'en terme d'efficacité : Belgique, Hollande et France.

Qu'est ce qui vous a séduit dans le Ring Hollandais ?
•  La différence qui se fait avant le mordant. L'H-A Hollandais empêche réellement le chien de mordre, il n'y a pas de place pour la médiocrité.

Lors d'une discussion heu… comment dire "animée" avec d'autres cynos. Nous évoquions les cessations. Beaucoup exagèrent sur le fait qu'ils sont moins sévères sur le lâcher chronométré ?
•  Ha bon, je ne trouve pas. Alors comme ça le programme Hollandais n'aurait pas de cessation, cette affirmation vient de quelqu'un qui n'a visiblement jamais mis les pieds au Pays-Bas. C'est absolument faut ! Ils ont des cessations. Le programme est dur, voire épouvantable, mais ils ont des cessations.

Est-ce que les utilisateurs de l'époque ont percuté sur vos recherches ?
• Tout de suite, le premier issu sur ce type d'union c'est Othar. Au vu de ses résultats, beaucoup de personnes se sont penchées sur son cas. Notons que sa mère Lhassa était ma plus grande chienne. Malheureusement, elle n'a pas eu la chance de Jade… Cette même Jade qui a eu Yttro sur son dos et le dit Yttro a mis André et bien d'autres sur les fesses.

Est-ce que votre carrière d'Homme d'attaque a joué sur vos choix ?
• Oui, naturellement, car je les ai tous essayé. Que de souvenirs, mais le plus fort c'était Yttro. Je l'ai vu arriver, puis d'un coup il m'a attrapé, il m'a secoué comme si j'étais un bébé et je me suis retrouvé 5 m plus loin. Aucun chien ne m'avait molesté de la sorte. Sinon je propose Bicou en 2, véritablement faramineux. Vass monstrueux, Pion terrible, Cuik formidable, Robin bien sûr et P' un fils d'Yttro sur Jade également titanesque.

Quel fut à votre avis le point fort du Malinois fin 60 débuts 70 ?
•  Déjà il venait d'une nation qui forgeait l'atavisme, ce qui explique beaucoup de choses, notamment cette immense vitesse ajustée d'une bonne prise.

Et pour les autres ?
• Il y avait surtout des BA et malheureusement le beauceron allait être spolié par la France. Imagine un bas rouge fabuleux refusé pour absence de LOF. Cette histoire fut terrible à l'époque, car ce Beauceron était vraiment un phénomène. Mais nos têtes pensantes avaient pris leur décision, cette loi est bien évidemment stupide devant l'excellence du chien. D'ailleurs, dans un tel cas il y a un mot qui s'appelle " dérogation ", bon sang, c'était certainement le meilleur chien français.

André, pour en revenir au Malinois : On note souvent les mêmes références chez les anciens, Vass, Pion, Yttro, Xjellaba ?
•  Ce n'est pas étonnant, ils étaient tous de très grands chiens. Tiens, j'ai failli l'oublier celui-là. Tu sais comment j'avais surnommé Xjellaba ?

Non ?
•  200%, car 100% mordant et 100% équilibre. Lui aussi un sacré phénomène. Il y avait même eu une pétition pour qu'il ne puisse pas être confirmé. Heureusement à l'époque nous avions un président de génie F. Wasels et il a immédiatement compris la nécessité de cette confirmation.

On note que les meilleurs n'étaient pas les plus beaux ?
•  En fait, nous avons récupéré grâce à Léon Destailleur plusieurs courants de sang mixé " Sirol / Flap ". Cette alliance va asseoir des bases solides et prouver que l'on peut être dur au mal et obéir.

Léon m'a souvent évoqué les lignées Van de Molenbeek qu'il trouvait trop rude en caractère, lui préférant la malléabilité d'un Flap. Qu'en penses-tu André ?
• C'est indéniable que Flap a apporté un type très précis. Il ne faut pas oublier que Flap avait non seulement un super caractère, mais également un très beau physique. Il n'était pas le modèle habituel de l'époque et puis c'était une lumière. Il venait du Kennel, sa souplesse et sa classe faisait qu'il ne passait pas inaperçu. Ce n'est pas surprenant que Léon ait jeté son dévolu sur lui.

A quelle magnifique période charnière. Nous voici entrant de plein pied dans une aire de décision et que pouvons nous dire sur la fin de cette décennie ? Si ce n'est que les disciplines se cherchent et nous aurons la chance inouïe de récupérer l'une des plus coriaces :
Le Ring… hahhhhhhhhhh !

LES Z'AMOURS !

Le Ring va prendre des proportions considérables. Véritable vivier de sélections, deux clans se forment : les Pros " travail " et les Pros " beauté ". Les expos se veulent rigoristes, les juges affûtent les pointages et nos Malinois pure souche ne sont pas tous des folichons du standard ! Pourtant à l'image de Nelko et Quacha, la plupart sont acceptables. Puis arrivera au début des seventies l'un de nos plus beau sujet, Osteo de la Croix Barbe.
Origine de Ostéo.
•  Père : Kummel, poil court réputé est fils de Charmant hors Frieska.
•  Mère : Josianne de L'Assa, fille du rameux César de L'Assa hors Iouki de L'Assa.

Ce jeune Malinois appartient au Dr Schaffner, il va se qualifier pour la Coupe de France à Cernay.
Ce championnat est jugé par Mrs Wasels, Tramazaygues et Teulet. Les apaches seront Mrs Lerch et Hervé.
Sur 14 concurrents, on note 7 Bergers Belges dont 6 Malinois.
On commence à parler des matchs BA – Belge, mais nous sommes surtout en admiration devant d'excellents Dresseurs. En effet, Mr R. Barrau sera l'un des plus minutieux, ses mises en places sont très soignées pour l'époque et il y aurait fort à parier que ce cynophile soit le déclencheur du boulot calibré. Son fauve Snack de Laatste Stuiver est à l'image de son célèbre maître " propre et carré ".
Mukaro appartenant à un autre Ténor de l'époque, M. Sengelin, va lui aussi offrir au large public une démonstration de derrière les fagots. Quartus du Mouscronnais pour la plus grande joie de son propriétaire Mr Wosniak pénètre le peloton de tête. Ce vaillant cyno nous vient du Nord et à cet instant nous ne parlons plus de guéguerre BA-BB, mais du Nord contre l'Est !!! M. Orlandini et Iste barrent l'entrée au Chti, Bou diou… Les chtimis firent volte face en acceptant le combat. Quacha entre dans l'arène en pulvérisant tout sur son passage, il va même prendre 20 points au Magic-Primo. Suit un Nelko tout auréolé de ses victoires passées, la joute s'avère titanesque et voilà notre équipe à 357,85. Le suspens est à son comble, mais un enragé de BA du nom de Rex du Mato Grosso à Mr Garing va trépaner notre assemblée de puristes. Un coup de merlin à 361,65 va balancer des têtes sur le billot et ma foi, tant pis… Il y a deux Belges Nordistes sur le podium et un BA venu de l'Est… Hum l'un des plus terribles à ce qu'on dit, gloire lui soit rendue !

AVIS DE RECHERCHE

N'empêche qu'une belle revanche ne serait pas de refus. Soit, un mois plus tard au jour prêt, c'est Maubranche qui s'y colle. Le Berry-Nivernais lance les cartons d'invitations et onze sérieux lascars vont relever le gant. 98 % de BA, un Briard et 1 Malinois vont se la jouer façon Mad Max à grand coup de molaire dans l'écru ! Rex le tenant du titre s'en sort haut la patte, mais le king des chiens loups se nomme Prince de Fonrose et là, chers amis " c'est une bête ". Il faudra un gigantesque Nelko du Mas des Lavandes pour détruire les espérances du teutonique BA. 451 pour 398 quand même, la dream Team Nelko/Haest aura rapidos remis les points sur les " I ", notons qu'un podium Haest – Ferrero – Orlandini se fête à la barrique de champagne et que nos trois chevaliers de l'utilisation vont bientôt lutter contre un samouraï, haï ! En attendant l'ultime confrontation, on meule les artifices, on polit les ustensiles et on déploie un outillage à faire passer le salon de porte de Versailles pour une quincaillerie de quartier. Pour la St Hubert , Metteko est toujours tenant du titre, d'ailleurs il récoltera les coupes 67, 68, 70 et 71. Barré en 1969 par Lest à Mr Heremans et précédé par Quora ALSH à Mr Hendrickx. Au Verbond, la suprématie de Dick s'étiole laissant la place à Canack et à son propriétaire Mr Vandebroek.

1971 verra un véritable missile guidé dominer le plat pays venu du LOSH, Missou à Mr Jacobs sera l'une des grandes révélations de ces débuts seventies. Malheureusement peu photographié, nous n'avons pas de souvenirs de ce bolide. Si quelqu'un avait un cliché de Missou, nous serions infiniment reconnaissant de l'afficher sur le site. Tant de louanges ont été chantées sur cet athlète, qu'il serait injuste, voir insultant pour sa mémoire de ne pas lui rendre hommage. Au grand Dam de l'image, nous aurons une descendance et une belle par Cibo, ouille lui aussi … il était chaud ! Voilà 72 qui se pointe et Chérie à Mr Riviere sur le podium, ça en fait du beau monde et ça en fait des souvenirs. J'en vois qui trépignent d'impatience et en France alors ? Ha ha ! La rencontre se veut épique, Il n'y aura pas de pardon et pas de pitié. 14 concurrents veulent en découdre. 7 BA, 5 Malinois, 1 Boubou et 1 Beauceron ont répondu présents. Mrs Ferrero, Poix et Aujolas vont juger. Mrs Levy et Roue vont œuvrer. C'est à peine parti que déja 2 BA, le Boubou et le Bas rouge sont largués. Pion arpente la diagonale du fou en s'installant dans les 10. Quatre BA se cassent les dents sur Rac du Mouscronnais ( voir la saga 2 ) et Samouraï le flamboyant BA de Mr Rolland transperce la défense. C'est alors qu'un jeune Malinois répondant au nom de Sandor va administrer la correction de l'année à ses prétendants. Ce Mouscronnais est conduit par Mr Geairain, il nous vient de l'Est. Cette même régionale qui visiblement est une terre de grande école place le fauve pour la médaille de bronze. Seul, le Nord fera mieux, car les vieux briscards sont toujours aux avant-postes : Nelko pour la médaille d'argent et Quacha pour la médaille d'or ! Vous ne rêvez pas… 3 Malinois sur le podium de la coupe, c'est la " kekla dans la chetron " et on crie banzaï, on sabre le champagne et on évoque les dieux de la discipline. Messieurs vous êtes grands et vos athlètes sont des seigneurs, alléluia !

QUESTION POUR UN CHAMPION

Devant, l'enthousiasme et la montée vertigineuse de la saga, avec Jean – Jacques, nous avons beaucoup planché sur une nouvelle rubrique " l'interview du mois ". Qui serait en relation directe avec la saga dans un premier temps, puis l'élargir si et seulement si " celle-ci vous plait ". Le déclencheur fut celle effectuée avec Léon Destailleur, elle eut tellement de retombées positives, que nous nous sommes dit pourquoi pas ! En plus quand il s'agit d'un aficionados du Malinois et ici en l'occurrence d'un maître, intégrer un article au sein même de la saga, nous paraît approprié. L'action ne fut pourtant pas facile à mettre en place. Alors : Chers amis, la balle est dans votre camp. Si cette initiative vous séduit, comme d'hab, faites le nous savoir. Dans l'immédiat, il me faut une condition physique équivalente à celle d'Indiana Jones, car la personne que je vais interviewer fait partie de la catégorie poids méga lourd et avec mes 68 KG, je suis justo !!!

Qui plus qu'André Noël pouvait relevé le défi ? Homme d'attaque redoutable et " hé hé redouté ", comme en témoigne ce récit pittoresque… A la sortie d'un ring, une personne se plaignait que le dit H-A " aurait réussi à placer son chien en difficulté, parce qu'il n'aimait pas se faire mordre aux jambes " et ce même Apache de rétorquer " je n'aime pas me faire mordre du tout " !!! Ou mieux encore : Départ de fuyante, l'H-A démarre, puis pousse une accélération tellement brutale qu'il laisse le chien sur-place. Notre homme saute le grillage et part se désaltérer à la buvette, ha ha … Avouez que ce n'est pas commun comme situation ! Chers amis, le solide gaillard en question était bien sûr André. Véritable bousculeur de vérité, autodidacte du bon sens et ambassadeur des museaux noirs.
Titre honorifique décerné par nos amis Belges qui ne sont pas loquaces en ce type de compliment. Au fait ce cynophile, ne serait-il pas tout simplement grandiose ? Assurément et quand tu entends le nom de l'affixe éponyme " la Noaillerie " résonner tel un tocsin de l'enfer dans tes chastes esgourdes, il est trop tard " l'envoûtement " a commencé ! Mon ami, mon Maître m'a fait l'immense honneur de passer à la questionnette. Attention, l'homme est plus direct qu'une droite de Mike Tyson, ses réponses sont limpides et claires, donc amateur de langue de bois s'abstenir.

Je vous aurais prévenu le père Noël existe, je l'ai rencontré :
André super heureux de se revoir, après quelques temps. Quoi qu'on s'appelle souvent, cette nouvelle maison, le grand air, un livre, des projets, alors comment ça va ?
•  Je vais parfaitement et je suis très bien ici, j'ai repris un jeune. Je ne fais plus de compétition, mais je l'entraîne parce que je le respecte. Pour mon livre, il est fini et j'ai des petits problèmes, car je ne trouve pas d'éditeur ( rires ).

Si vous le voulez bien, parlons un peu des Malinois de la belle époque. Le cheptel était comment dans la portion 60 – 80 ?
•  Il y avait vraiment d'excellents chiens à cette époque. Naturellement, on trouvait un panel de qualités s'approchant de la perfection. Des Malinois aux gueules d'aciers bravant n'importe qui, de plus, compliqués car très nerveux. Mais dans l'ensemble le cheptel était d'un bon tempérament et volontaire au mordant. J'insiste sur ce point, car il y avait un contraste des plus conséquents. En effet les utilisateurs du Nord ne dressaient pas comme les parisiens. De ce fait, chaque rencontre devenait une confrontation fabuleuse ! Nos chiens étaient pour certains bruts de décoffrage et surtout plus instinctifs. Ils partaient au charbon sans sourciller et parfois, ça engendrait quelques misères. Aujourd'hui, vu le dénouement du programme Français " hyper mécanique " les surprises sont moindres ( rires ).

Que voulez-vous dire par " dresser différemment " ?
•  Avant 1970, les chiens mordaient exclusivement le haut du costume. Nous les placions de la sorte et je me débrouillais vraiment bien. A tel que point que certains cynophiles affirmaient que j'avais 20 ans d'avance sur la diversité des méthodes. Imagine ma stupéfaction, quand j'ai réceptionné un Malinois de plein fouet dans les jambes. Une remise en question s'est alors fait sentir… Force est de constater que, si ma technique avait 20 ans d'avance, celle de Mr Destailleur en avait 40 ( rires ). C'est à lui que l'on doit les prises aux jambes et sa science du chien de travail a révolutionné toute une cynophilie de caractère.

Aux dires des anciens, vous étiez une terreur dans le costume, vous confirmez ?
•  J'adorais passer le costume. La toile est la base de tout, un bon homme d'attaque en sait toujours plus que n'importe qui sur les chiens. Porter le costume est une nécessité pour celui qui veut comprendre.

D'ailleurs, sur le sujet. Vous n'êtes pas d'accord avec le terme Homme assistant ?
•  Ce terme est stupide et réducteur. Il fallait l'appeler " Homme Analyste ", car lui seul peut expliquer la profondeur d'un grand chien. Ils ont dû se tromper avec le commissaire, qui lui assiste vraiment le concurrent etc… quelle erreur, je n'en reviens pas.

L'H-A a toujours été la pièce maîtresse de l'utilisation et cela depuis le début ?
•  Oui, bien sûr. Je me rappelle avoir été l'un des premiers à disputer les sélectifs et crois moi, je n'y allais pas pour faire de la figuration. Je savais qu'il y avait de sacrés numéros là-haut dans le Nord, dont le plus réputé était Mulot. Je me préparais en conséquence et surprise : après une bonne explication, ce n'est pas lui qui m'avait épaté le plus… la bête du jour se nommait Noraki du Bois d'Emblise !

Quels sont les autres Bergers marquants de cette époque ?
•  Pion était un modèle absolu. Voilà un Malinois qui totalisait 380, stupéfiant pour l'époque ! Aujourd'hui, on parle d'une production de trois grands chiens par année. Attention, je ne qualifierai jamais un " pointeur " de pointure ( rires ). J'évoque ici le mot " étalon " sous toutes ses formes. Donc à cette époque, il y avait Pion et les autres, puis est arrivé Vass du Faubourg des Postes, que je qualifierais de hors norme, de génial, de suprême, enfin bref : mon idole. Ensuite, c'est Xjellaba qui a attiré mon attention et pour conclure, je n'oublierai jamais une bête de guerre nommée Yttro.

N'était-ce pas un peu risqué d'utiliser un Belge pur jus, comme Xjellaba ?
•  La preuve que non, puisqu'il n'a jamais retransmis et cela même en consanguinité de chien plus limite que lui ou s'en rapprochant. Je t'ai raconté le tapage que cela a occasionné à l'époque. Des pétitions circulaient quand même, appelle François ( Le levier ), il t'expliquera et ce ne fut pas facile. Mais Xjellaba dit Duc était construit comme ses ancêtres. Il était longiligne avec une tête puissante, le seul détail étrange était son poil. Un poil très fourni, ce qui apporta une bonne lignée de Tervur soit-dit en passant. Duc était pour moi le symbole d'une complémentarité : Une sociabilité de 100 % est une valeur mordante également de 100 %. Il aurait été stupide de se passer de lui, car bénéfique dans bien des domaines, il a apporté cette présence et cette sérénité. Quelle terrible erreur nous aurions fait en nous privant d'un chien de cette classe. Pour finir, je signalerais que le président du CFCBB de l'époque François Wasels avait compris mon argumentation et il le confirma illico.

André vous dites : Duc a produit des Belges plus beaux que lui certes. Mais, je me suis aperçu qu'il a laissé une empreinte indélébile dans sa lignée ! Son crâne large et son regard étonnant ressort encore de nos jours, nous sommes d'accord ?
•  Premièrement, il faut savoir que Duc a produit de beaux chiens, avec des têtes pas si lourdes que ça et comme je t'expliquais toute à l'heure, d'excellents Tervueren qui plus est bien, rouges, détail qui a son importance pour les puristes ! deuxièmement avant de devenir bête, nous pouvions unir les différentes variétés. Maintenant nous n'avons que la branche poil court au top et c'est bien dommage. Contrairement à ce que j'ai pu lire dans une revue, il n'y a pas de sélection autre en Belgique. Je n'ai même jamais vu un autre chien que le Malinois dans les rencontres !!! Cependant les éleveurs Français travaillent et proposent des poils longs très compétitifs et il est indéniable de reconnaître que Xjellaba n'est pas étranger à cette réussite !

Après avoir étudié le costume et le dressage, vous avez décidé d'élever. Comment avez-vous démarré ?
•  Par les origines de Sam de Ventadour, car j'entraînais son père Ostéo de la Croix Barbe. A l'époque Mr Courade qui, je le rappelle, était un grand Beauceronnier mais conscient de la valeur des Malinois, me rendait visite. Le but des entraînements était de placer les chiens aux jambes et Osteo ne mordait qu'en haut. Malgré des séances vraiment astreignantes, je ne l'ai jamais vu mollir une seule fois. Plus tard, j'ai donc eu Sam de Ventadour qui, accouplé à Uranie de Ventadour, la sœur de Utha et de Ulla, m'a donné Jade. La lignée était excellente, si des cinéphiles nous lisent, vous pouvez admirer Sam dans le film " le chat et la souris ".

Si j'ai bien compris, durant cette période les chiens ne mordaient que le haut du costume, comment se tenait l'H-A ?
•  L'H-A réceptionnait le chien comme en RCI. Toutefois, nous avions l'obligation d'un barrage vertical ou horizontal. En ce qui me concerne, j'ai tout aboli rapidement en apportant ma propre technique, je m'efforçais d'être plus créatif avant la prise et crois-moi grâce à cette méthode, j'en ai fait tourner en bourrique quelques uns. Bien plus tard, c'est un voyage en Hollande qui confirma mon point de vue. J'avais une vision quasi obsédante de la face made in Hollande et naturellement par les Malinois qui furent engendrés par cette discipline, les Bicou, Menno, Zébulon et bien sûr le terrible Oscar ! Comme je te l'ai expliqué, quelques Français se sont risqués à prendre ses Malinois dans la toile et si j'ai bonne mémoire " pas un seul point de perdu " ni à l'entrée, ni à la sortie. Alors quand tu entends parler de non cessation etc… C'est plutôt navrant !

Donc si je vous suis bien, la vérité est avant la prise ?
•  Absolument, j'en suis convaincu. C'est avant la prise qu'il faut être décisif et non après. Une fois mordus, si nous étions en situation réelle, la moitié d'entre nous serait tombée dans les pommes. De ce fait la face Hollandaise est le symbole d'une véritable attaque !

Pourriez-vous nous expliquer l'attaque en vélo ?

•  L'H-A fuit à bicyclette et le chien doit l'intercepter. Tu t'en doutes, ce genre d'attaque est spectaculaire. J'ai vu une année 90 % du Cheptel taper en haut et les actions se terminaient le plus souvent dans le gazon. L'année suivante je retourne applaudir les ténors et stupéfaction, la plupart était aux jambes. Je fus surpris par le réalisme et l'efficacité de la situation. Remarque, les H-A Hollandais sont des forces de la nature et avec ce genre de programme… Il vaut mieux !

Votre passion pour tous ces programmes Européens vous a obligé à prendre un virage à 180° et de ce fait à utiliser des Malinois pas toujours dans un standard exigé ?
•  Non pour moi ce n'est pas un virage si serré que ça. J'ai toujours privilégié la fonctionnalité au standard. D'ailleurs le terme standard n'est pas toujours représentatif.

Pourquoi ?
•  Parce qu'il est évolutif, celui de 1910 et celui de 1940 diffèrent et ainsi de suite via l'an 2000. Par exemple, si l'on prend la taille d'une oreille ou la couleur des yeux, en ce qui me concerne, je trouve qu'elle était très bien au début du siècle. Seulement, de grands éleveurs ont voulu une modification physique sans regarder la fonctionnalité. Il était impensable pour moi de rentrer dans cette doctrine en bafouant mon idéal… C'est-à-dire un chien possédant un mordant stable et profond ! J'ai remarqué tout au long de ma carrière différents types de chiens, mais un paramètre a toujours suscité mon intérêt, c'est le mordant. Je m'explique : le chien sûr de lui, qui arrive sur un H-A inconnu à 40 mètres , qui l'attrape et qui le mord de sa plus belle prise est pour moi " le CHIEN". D'ailleurs, on retrouve ce tempérament dans la vie, ce chien est clair avec l'homme en général. N'importe qui peut le nourrir, le promener et l'entraîner. Le super chien n'a pas besoin d'un chaperon.

L'absence de fidélité est donc un maillon de sélection ?
•  Chez le chien oui, chez l'homme ça se discute ( rires ) en restant sérieux " oui " dans ce cas précis. Le chien est infidèle parce qu'il est fort ! On entend encore beaucoup d'ineptie chez les chiens de travail. Récemment, j'ai lu un article fort surprenant sur le sujet. L'auteur déclare " j'ai connu un chien courageux qui ne mordait pas et un trouillard qui mordait trop ". Même à mon âge, je veux bien faire mordre et cela en toute régularité le " trouillard ", histoire de vérifier sa ténacité, mais je doute qu'il tienne une demi attaque ou alors nous nous serions méchamment trompés (rires) !!!

Sincèrement vous pensez cette formule impossible ?
•  Tout dépend de la connotation attribuée au mot " mordant ". Il est très différent de faire mordre son chien sur une personne connue et mordre sur un étranger dans un costume à plus de 20 mètres . Pour comprendre ce phénomène, il faut dresser régulièrement plusieurs chiens de valeur inégale ; seul un dressage assidu pourra déterminer si oui ou non l'élève est apte. Il y a des personnes qui s'imaginent évaluer le caractère du chiot par des tests. Là encore, je reste perplexe sur la forme de ces fameux tests magnifiquement décrits dans de beaux livres. Comment peut-on définir à un âge donné, le devenir d'un chien ? Il y a tellement de paramètres dans la vie d'un chien, qu'une telle théorie est impensable en compétition. Le dressage n'est pas une science décrite dans les manuels, mais une philosophie qui s'acquiert par la pratique. Seul un assidu peut espérer comprendre, les autres peuvent espérer seulement !

Je pense que vous faites aussi référence aux obligations de léguer tous les chiots au même âge ?
•  Mais qui peut dire ça, seul l'éleveur peut savoir quand, quoi et comment.

Par la suite, comment avez-vous géré votre élevage ?
•  J'ai commencé par sélectionner des chiennes consanguines afin de savoir, ce qu'il y a dedans. Je les avais surnommées " les pointues ". Ensuite mon travail a consisté à l'analyse de chacune d'elle, pour trouver l'étalon le plus complémentaire possible. Je n'ai pas hésité à détourner la fameuse formule anglaise " le meilleur sur la meilleure, dans l'espoir du meilleur " EN " la meilleure avec le meilleur pour elle ". Par exemple prenons une femelle et là je vais employer un mot susceptible de regrouper un nombre de facteurs pas toujours vérifiables qui est " intelligente ", certainement sociable et objective. Ce genre de chienne est un peu trop pré disposée pour être mon idéal. Je vais donc immédiatement retourner sur un rustique, car j'ai toujours pensé qu'il fallait additionner les deux pôles. C'est-à-dire, si elle est consanguine, j'utilise un Charolais !

Ho là ! André, un Charolais, quésako ?
•  un Malinois primitif, plus brutal dans ses attitudes. Ce type est très prisé en Belgique Flamande et en Hollande. Les attaques sont tellement éprouvantes qu'il est obligatoire de posséder un bulldozer. Si l'on analyse nos pedigrees, on note de nombreux chiens bataves sur nos origines et là encore ce n'est pas un hasard !

C'est pour cela que l'orientation du choix de vos étalons est étrangère ?
•  Tout à fait, j'ai adoré Xjellaba, mais également Xellavan, Yttro et Apis du Boscaille, Bicou et un peu plus tard G'Bibber. Tous ces Malinois furent remarquables à leur époque, il était donc logique de les utiliser sur nos courants de sang.

Ce type de portée, est-elle homogène ?
•  En tous points, je dirai oui. Aucun de mes malinois ne m'a interpellé dans le mauvais sens. Heureusement, car la phrase clé de ma femme se résume en une affirmation " je ne veux pas que l'on s'écarte du type ". La tâche s'avère particulièrement dure, étant donné mon orientation sur le bon et rien que le bon. En effet, si le chien le mieux construit, voire le plus beau du monde n'est pas celui qui court le plus vite et qui saute le plus haut, à quoi lui sert cette magnifique construction ? Ayant tout misé sur une élite de travail, il ne m'intéresse pas !! Pourtant, sans faire de tops modèles, je ne me suis jamais vraiment écarté d'un certain standard, " le mien ". Naturellement, il faut qu'un Malinois ressemble à un Berger Belge. Mais tous mes étalons sont d'authentiques Malinois, puisque je suis revenu à la source.

En utilisant ce type de malinois vous avez spolié les autres ?
•  Je te vois arriver avec tes gros sabots ( rires ). Mon ami, je n'ai absolument rien négligé. Quand le nom d'un prodige retentit, qu'il soit de Marseille ou de Rotterdam, je lui rends une petite visite. Après avoir travaillé sur Flap et Sirol, il était normal que je m'intéresse à Rusky. Chaque grande lignée a ses vedettes et tout le monde se souvient de Moogli et de Vico de Turenfels. L'un petit mais diablement costaud, l'autre plus volumineux et tout aussi costaud. Néanmoins, j'ai jeté mon dévolu sur Urgo qui je le précise n'a pas d'affixe. J'ai eu le nez creux étant donné que Lassa, propre mère de Othar est l'une de ses filles.

Beaucoup d'éleveurs ont travaillé sur la lignée Rusky en privilégiant Urgo, pourquoi ?
•  Déjà la lignée Rusky a apporté une disponibilité et une adaptabilité au dressage. Chacun de ses Malinois était bourré de qualité. Pour ma part, j'ai choisi Urgo, parce qu'il était à mon avis le plus complet. En plus, il avait un maître que je qualifierais d'exceptionnel, André Donath.

Vous parlez souvent de Mr Donath comme un dresseur fabuleux pouvez-vous nous donner des anecdotes ?
•  Le top du top, tu sais qu'il parlait du travail du chiot il y a plus de 30 ans. Il disait : « je commence le plus tôt possible, car à la maternelle il n'y a jamais de conflit ». Il fallait le voir à l'oeuvre, il faisait des exercices avec une justesse inouïe. C'était le meilleur de l'époque !

En 1970, il devait être difficile d'élaborer une lignée en conservant le standard imposé ?
•  Ne faisant pas d'exposition, je n'ai pas eu un regard très prononcé sur le standard.

Pourquoi ?
•  Parce que ce sont les anciens chiens qui le possèdent. C'est simple, amis du Berger Belge, prenez un Malinois de lignée travail contemporain et comparez le à ceux de 1920. On remarque, qu'il est proche du standard de base. Il est alors ardu de parler de hors type, sauf si un éleveur a dilué sa lignée en apportant une infusion d'autre race. Mais qui serait assez fou, pour mettre de l'eau dans un grand cru ?

Etes-vous heureux de l'évolution de cette variété ?
- Totalement et si nous voulons encore améliorer l'élevage, il faut surtout que les acheteurs deviennent très exigeants. Prenons exemple sur les Belges. Leur persévérance a fait de ce chien une merveille et chacun de leurs concours est un hymne au Malinois. Je ne peux qu'encourager les jeunes à se rendre aux divers championnats du Verbond. Ils se rendront compte que d'excellentes théories sont appliquées depuis des lustres par les Belges. Nous, nous avons juste récupéré ce qu'ils ont semé. C'est-à-dire un chien de travail conçu par des travailleurs…

Voilà qui est dit et bien dit. Je vous avais prévenu : ça décoiffe. Comment aurions-nous fait sans des hommes de cette trempe et je tiens à remercier du fond du cœur Mrs A. Noël, L. Destailleurs, F. Lelevier, JM. Siscot, D. Lemeur, L. Sambugaro et M. Cid pour leur aide précieuse.

Je terminerais cette saga 3 en dédiant cet ensemble à la mémoire de Mr Van Ceulebroeck qui de son faramineux livre, nous a tant appris et je conclurais enfin en saluant nos frères de mordant, le grand et fier peuple Belge.

Merci, Thank you, Dank-U.
JM Vedrenne.

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